Tous les chemins mènent à Rome
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Re: Tous les chemins mènent à Rome
Non seulement j'imagine, mais j'avais envisagé le projet d'aller jusqu'à Compostelle par exemple... Seul problème : les marées, les courants, le vent sans abris... et quelques embouchures gigantesques... J'ai laissé tomber l'idée. Je ne pense pas que ce soit faisable sans assistance.flitwoodmac a écrit:
Joelle, tu images un trip comme le tient mais en atlantique avec les marées en plus a gérer ?
joelle- Modératrice
- Messages : 870
Date d'inscription : 07/07/2010
Localisation : Nantes
Re: Tous les chemins mènent à Rome
J'ai hâte de connaître la suite du récit. Tous les matins, j'ouvre le forum et je suis avec beaucoup d'intérêt votre aventure.
evasion- Messages : 381
Date d'inscription : 23/07/2013
Re: Tous les chemins mènent à Rome
Merci Martineevasion a écrit:J'ai hâte de connaître la suite du récit. Tous les matins, j'ouvre le forum et je suis avec beaucoup d'intérêt votre aventure.
Voilà donc l'épisode du jour!
Mercredi 18 septembre 2013 : Livorno – Forte di Biobona
7h15 : J'étais prête, assise sur « mon » banc j'attendais, confiante et sans « y » croire à la fois.
7h17 : la voiture arrive.
« Hey, tu es prête ?
Oui, tu vois tout est plié... Et puis j'ai dormi là !
Oui, je sais, je suis passé voir après le boulot, dans la nuit... J'ai bien vu »
Ainsi, il avait douté !
A la place du malibu sur le toit, il avait un shortboard à l'intérieur de sa voiture. Nous avons chargé mon maxi-long-board, les pagaies et les sacs.
Embarquement immédiat.
Passage au café pour un petit noir sur le zinc et c'était parti.
Certaines rencontres sont étonnantes quand on fait la liste des coïcidences, celle-ci l'était vraiment.
Il m'a posée dans le premier coin abrité et il a filé vers son spot sans attendre.
J'avais parcouru par la route l'étape que je n'avais pas pu faire par la mer la veille, une quarantaine de kilomètres, ma moyenne quotidienne, rien de plus
Une fois de plus, j'ai eu un immense sentiment de joie et de liberté en montant sur ma planche !
Le ciel était parfaitement limpide devant moi. Sur la côte, il y avait de jolis spots de surf autour des rochers, avec de belles vagues bien propres, bien bleues. C'était vraiment autre chose que le chantier de Viarregio, clairement Fabio avait fait le bon choix en venant surfer dans le coin...
De temps en temps je regardais derrière, j'étais comme "en fuite", je surveillais la dépression pour vérifier qu'elle restait bien sagement bloquée au nord. Et je pagayais "comme une voleuse" pour être certaine de lui échapper!
Au loin, un très long débarcadère avançait vers le large, signalant Vada et son port industriel
Juste après l'avoir passé, j'ai eu l'impression de me trouver sur une immense piscine absolument plate et couleur turquoise, le contraste avec le "terrain" qui avait précédé était étonnant et je ne parle même pas de ce que j'avais laissé à Viarregio!
Je continuais à regarder derrière régulièrement, j'avais l'impression de me faire rattraper par les nuages...
Je me forçais alors à regarder l'horizon tout bleu à l'avant. Fabio m'avait dit que j'allais arriver dans une zone très différente où la pointe de la Corse faisait déjà office de barrage, limitant l'effet de la dépression. Je voulais y croire.
La côte était redevenue rectiligne et sablonneuse, mais aucune vague ne levait de loin, il y avait une profondeur suffisante pour que je navigue tranquille.
Après une pause à Cecina, j'avais parcouru "ma" quarantaine de kilomètres et c'est parce que le vent de travers commençait à me fatiguer que je me suis arrêtée sur la plage de Forte di Biobona
Les nuages commençaient à me rattraper... Certes, ce n'était pas le couvercle noir que j'avais laissé en rade, mais je sentais que le vent allait forcir et qu'il serait vain de jouer contre lui.
J'ai choisi un coin bien à l'abri du souffle d'Eole et je me suis amusée en jouant la touriste allongée sur le sable
Sans attendre la tombée du jour, j'ai installé ma maison, heureuse d'avoir absolument tout ce dont j'avais besoin.
Tout était si tranquille ce soir là que je me suis offert quelques postures de yoga au soleil couchant, ne me décidant à "rentrer" qu'après l'extinction des dernières braises
Le SMS de Michel faisait un point météo mi figue mi raisin. Demain serait un nouveau jour.
A suivre...
joelle- Modératrice
- Messages : 870
Date d'inscription : 07/07/2010
Localisation : Nantes
Récit Joëlle
Bonjour Joëlle,
Le "prince charmant" a tenu sa promesse
Je suis d'accord avec vous, quand on est sur la planche, un sentiment de liberté de de bien-être nous emparent, mais aussi "d'évasion"
Le coucher de soleil est magnifique.
Merci à vous.
Martine
Le "prince charmant" a tenu sa promesse
Je suis d'accord avec vous, quand on est sur la planche, un sentiment de liberté de de bien-être nous emparent, mais aussi "d'évasion"
Le coucher de soleil est magnifique.
Merci à vous.
Martine
evasion- Messages : 381
Date d'inscription : 23/07/2013
Re: Tous les chemins mènent à Rome
Un grand merci Joelle, ça faisait plusieurs jours que je n'étais pas venue faire un tour ici. J'ai admiré les photos, accompagnée par la belle voix de Leonard Cohen... Et je me suis laissée prendre par le récit, j'ai voyagé en Italie !! Génial !
Nathalie 49- Messages : 3
Date d'inscription : 28/09/2013
Age : 44
Re: Tous les chemins mènent à Rome
Pierrot et moi y travaillons, Joëlle : http://www.forumdesup.com/t7313p45-comment-garder-le-cap-en-race-par-vent-de-travers-ou-3-4#88468joelle a écrit: les mêmes distances parcourues vent de travers où vent arrière ne laissent PAS DU TOUT le même souvenir
La galère du vent de travers ne sera bientôt plus qu'un souvenir nostalgique des premiers balbutiements du sup cruising
_________________
Olivier Drut
Shaper du dimanche
Re: Tous les chemins mènent à Rome
Sage décisionjoelle a écrit:Non seulement j'imagine, mais j'avais envisagé le projet d'aller jusqu'à Compostelle par exemple... Seul problème : les marées, les courants, le vent sans abris... et quelques embouchures gigantesques... J'ai laissé tomber l'idée. Je ne pense pas que ce soit faisable sans assistance.flitwoodmac a écrit:
Joelle, tu images un trip comme le tient mais en atlantique avec les marées en plus a gérer ?
RichardC- Messages : 2596
Date d'inscription : 07/09/2010
Age : 49
Localisation : Finistère
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Re: Tous les chemins mènent à Rome
Jeudi 19 septembre 2013 : Forte di Biobona – San Vincenzo ( pas loin de Populano)
En lisant le SMS du soir, j'avais prévu une grasse matinée.
Réveillée à l'aube parce qu'il faut bien constater que c'est l'heure « normale » du réveil pour qui s'endort à l'heure où les oiseaux s'endorment, j'ai pris tout mon temps pour plier.
Comme prévu le vent soufflait fort, et bien évidemment « de travers ». La matinée allait donc être calme et touristique.
En aparté, seulement pour celles et ceux que ça interesse, je me permets quelques lignes « philosophiques »
Après plus de quinze jours de ce long cheminement en solitude, je touchais enfin et complètement ce que j'espère atteindre (sans jamais y croire d'une quelconque manière) en partant pour ce genre de trip. Au delà de la découverte touristique, au delà de la rencontre humaine, au delà du plaisir des sens et de la traversée du corps, une dimension beaucoup plus « verticale » devient palpable. Elle n'est plus seulement théorie, idéal ou objectif. Elle existe, elle nous touche et on peut la toucher. De mon point de vue, elle n'arrive que sur l'air de « aide toi le ciel t'aidera » à moins que ce ne soit sur l'air de « qui ne risque rien n'a rien », sur l'air de « vouloir c'est pouvoir » ou de « tout vient à point à qui sait attendre »...
Ce dont je suis certaine c'est que j'ai besoin de partir en autonomie et sans assistance pour entrer dans cette dimension, c'est ainsi que la patience s'exerce et brave l'impatience, que la confiance s'agrandit et abat le doute, que l'attente se rompt et que l'action s'illumine...
Il y a certes de "jolies choses" à découvrir et à vivre "avec assistance", "grâce à l'énergie de ceux qui ont aidé, préparé et prévu à l'avance", mais c'est différent et jamais aussi "verticalement" intense.
J'en étais là.
Après un petit passage « en ville », j'ai fait ce que faisaient la plupart des femmes de mon âge sur cette plage : j'ai marché sur la plage en ramassant des cailloux. C'est un excellent passe temps !
Quand le vent a commencé à mollir, j'ai sollicité un gars que j'avais vu la veille, jouer en bodyboard dans le shore-break du soir . Il était en train de ranger le matos de la plage privée que j'avais squatté pendant la nuit. Je savais que je ne pourrai pas « lancer » ma planche chargée si facilement et que nous ne serions pas trop de deux pour passer de l'autre côté des vagues.
Nous avons essayé une fois : raté
Nous avons essayé à nouveau : re-raté
Ce n'était pas la bonne heure.
Sans la moindre impatience, j'ai remonté tout mon matos et je suis repartie chasser les cailloux. J'étais vraiment dans un état d'esprit nouveau et c'était juste bon.
En fin d'après-midi, il ne restait qu'une douce brise et la mer s'était vraiment apaisée. Surtout, elle s'était organisée et les sets étaient visibles et il suffisait de « viser » entre pour prendre le large.
Et voilà... Le soleil était déjà bas. Au loin les îles se dessinaient.
J'allais bientôt pouvoir profiter de leur abri...
Au soleil couchant je me suis arrêtée, juste avant une pointe.
Découvrir de nuit ce qu'il y avait de l'autre côté n'offrait pas le moindre intérêt. Cette mini-session du jour me contentait largement.
Puis... j'ai monté la tente grâce à la lumière de la lune ronde...
A suivre...
En lisant le SMS du soir, j'avais prévu une grasse matinée.
Réveillée à l'aube parce qu'il faut bien constater que c'est l'heure « normale » du réveil pour qui s'endort à l'heure où les oiseaux s'endorment, j'ai pris tout mon temps pour plier.
Comme prévu le vent soufflait fort, et bien évidemment « de travers ». La matinée allait donc être calme et touristique.
En aparté, seulement pour celles et ceux que ça interesse, je me permets quelques lignes « philosophiques »
Après plus de quinze jours de ce long cheminement en solitude, je touchais enfin et complètement ce que j'espère atteindre (sans jamais y croire d'une quelconque manière) en partant pour ce genre de trip. Au delà de la découverte touristique, au delà de la rencontre humaine, au delà du plaisir des sens et de la traversée du corps, une dimension beaucoup plus « verticale » devient palpable. Elle n'est plus seulement théorie, idéal ou objectif. Elle existe, elle nous touche et on peut la toucher. De mon point de vue, elle n'arrive que sur l'air de « aide toi le ciel t'aidera » à moins que ce ne soit sur l'air de « qui ne risque rien n'a rien », sur l'air de « vouloir c'est pouvoir » ou de « tout vient à point à qui sait attendre »...
Ce dont je suis certaine c'est que j'ai besoin de partir en autonomie et sans assistance pour entrer dans cette dimension, c'est ainsi que la patience s'exerce et brave l'impatience, que la confiance s'agrandit et abat le doute, que l'attente se rompt et que l'action s'illumine...
Il y a certes de "jolies choses" à découvrir et à vivre "avec assistance", "grâce à l'énergie de ceux qui ont aidé, préparé et prévu à l'avance", mais c'est différent et jamais aussi "verticalement" intense.
J'en étais là.
Après un petit passage « en ville », j'ai fait ce que faisaient la plupart des femmes de mon âge sur cette plage : j'ai marché sur la plage en ramassant des cailloux. C'est un excellent passe temps !
Quand le vent a commencé à mollir, j'ai sollicité un gars que j'avais vu la veille, jouer en bodyboard dans le shore-break du soir . Il était en train de ranger le matos de la plage privée que j'avais squatté pendant la nuit. Je savais que je ne pourrai pas « lancer » ma planche chargée si facilement et que nous ne serions pas trop de deux pour passer de l'autre côté des vagues.
Nous avons essayé une fois : raté
Nous avons essayé à nouveau : re-raté
Ce n'était pas la bonne heure.
Sans la moindre impatience, j'ai remonté tout mon matos et je suis repartie chasser les cailloux. J'étais vraiment dans un état d'esprit nouveau et c'était juste bon.
En fin d'après-midi, il ne restait qu'une douce brise et la mer s'était vraiment apaisée. Surtout, elle s'était organisée et les sets étaient visibles et il suffisait de « viser » entre pour prendre le large.
Et voilà... Le soleil était déjà bas. Au loin les îles se dessinaient.
J'allais bientôt pouvoir profiter de leur abri...
Au soleil couchant je me suis arrêtée, juste avant une pointe.
Découvrir de nuit ce qu'il y avait de l'autre côté n'offrait pas le moindre intérêt. Cette mini-session du jour me contentait largement.
Puis... j'ai monté la tente grâce à la lumière de la lune ronde...
A suivre...
joelle- Modératrice
- Messages : 870
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Localisation : Nantes
Re: Tous les chemins mènent à Rome
Vendredi 20 septembre 2013 : San Vincenzo – Forte Rocheta (près Punta Ala) commune de Castiglione della pescaia
6h39, la lune est là. Tout est absolument calme.
7h00, La dernière étape du rangement, il ne reste plus qu'à plier la tente, emporter l'ensemble sur le rivage, tout attacher et prendre le large
Ensuite, je n'ai pas d'autre souvenir que celui d'une journée tranquille et harmonieuse. J'ai retrouvée avec bonheur une côté découpée, des rocs et quelques falaises. J'ai beaucoup photographié
Les méduses, brunes dans le nord puis de plus en plus blanches en "descendant" furent de très fidèles compagnes, isolées ou en colonies, elles dessinaient mon chemin un peu comme les cailloux le font sur les sentiers de montagne
Après un repas à Follonica, je suis entrée dans le spectacle. Malgré mon chargement, je n'allais pas/guère moins vite que ces papillons
Mon imagination s'empara de ces rochers...
... aussi longtemps que je les contournai, les histoires se succédaient, le soleil y mettait sa touche. Puis j'ai posé mon campement sur une plage très douce...
Le soir j'ai écris à Michel : http://www.forumdesup.com/t8042p45-tous-les-chemins-menent-a-rome#87339
"Parfaite journée avec encore de quoi en prendre plein les yeux. Repas à Follonica et ce soir bivouac de rêve au pied d'un château à Castiglione della pescaia."
A suivre...
6h39, la lune est là. Tout est absolument calme.
7h00, La dernière étape du rangement, il ne reste plus qu'à plier la tente, emporter l'ensemble sur le rivage, tout attacher et prendre le large
Ensuite, je n'ai pas d'autre souvenir que celui d'une journée tranquille et harmonieuse. J'ai retrouvée avec bonheur une côté découpée, des rocs et quelques falaises. J'ai beaucoup photographié
Les méduses, brunes dans le nord puis de plus en plus blanches en "descendant" furent de très fidèles compagnes, isolées ou en colonies, elles dessinaient mon chemin un peu comme les cailloux le font sur les sentiers de montagne
Après un repas à Follonica, je suis entrée dans le spectacle. Malgré mon chargement, je n'allais pas/guère moins vite que ces papillons
Mon imagination s'empara de ces rochers...
... aussi longtemps que je les contournai, les histoires se succédaient, le soleil y mettait sa touche. Puis j'ai posé mon campement sur une plage très douce...
Le soir j'ai écris à Michel : http://www.forumdesup.com/t8042p45-tous-les-chemins-menent-a-rome#87339
"Parfaite journée avec encore de quoi en prendre plein les yeux. Repas à Follonica et ce soir bivouac de rêve au pied d'un château à Castiglione della pescaia."
A suivre...
joelle- Modératrice
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Localisation : Nantes
Re: Tous les chemins mènent à Rome
Photos magnifiques. Les sensations que vous avez ressenties ne peuvent se communiquer, j'imagine.
evasion- Messages : 381
Date d'inscription : 23/07/2013
Re: Tous les chemins mènent à Rome
Je dirai qu'il y a un paquet de "choses" indescriptibles sur lesquelles je ne chercherai même pas à poser des mots!evasion a écrit:Photos magnifiques. Les sensations que vous avez ressenties ne peuvent se communiquer, j'imagine.
joelle- Modératrice
- Messages : 870
Date d'inscription : 07/07/2010
Localisation : Nantes
Re: Tous les chemins mènent à Rome
Samedi 21 septembre 2013 : Forte Rocheta – Principina a mare
L'humidité m'avait gardée à l'abris de la tente jusqu'à ce que le soleil sorte pour de vrai. A la pointe, le chateau avait pris ses couleurs du jour
J'avais l'intention de faire des courses à Castiglione et il était inutile d'arriver avant l'ouverture des magasins, je me préparai donc en prenant largement mon temps. Sur la plage, les traces des oiseaux faisaient écho aux miennes, nous étions les maîtres des lieux avant que les touristes ne débarquent... En navigant "au long cours" sur mon trajet méditerranéen, j'avais souvent comparé cette expérience marine à l'expérience du désert (non sans penser à Théodore Monod, et au préambule de son livre "Méharées") et devant ces empreintes sur le sable, mon esprit se remettait à disserter... Quel bavard!
Le village le plus proche était à peine réveillé, j'ai fait le plein de nourriture et je n'ai même pas pris le temps de m'offrir un capuccino, j'avais envie de retourner sur l'eau au plus vite
Je fus plutôt bien inspirée de n'avoir point trop traîné en ville. Assez tôt le vent revint à la charge, d'abord acceptable (environ 3bft) mais je sentais bien qu'il n'avait pas l'intention d'en rester là. Il était bien évidemment en plein de travers. Quand je me suis arrêtée, les p'tits moutons faisaient leur apparition, il était plus que temps...
Je pensais qu'il s'agissait d'une brise thermique et j'avais bien l'intention d'aller plus loin dans la soirée car une petite pointe au bout de la plage me faisait des clins d'oeil...
J'ai tranquillement déjeuné, puis j'ai construit un paravent grâce à la planche et aux sacs et je me suis payé une bonne sieste. En revenant à la réalité, il fallait bien constater que ce n'était pas vraiment une brise thermique mais un bon vent établi. Les windsurfeurs consultés me le confirmèrent... Je n'avais donc pas d'autre solution que de camper là en attendant la suite...
En lisant attentivement les feuillets du guide, je m'apercevais alors que derrière "la pointe" il y avait toute une zone où accoster était impossible... Alors même que je n'étais pas contrariée (comme je l'aurais été quelques jours auparavant) à l'idée d'être scotchée contre mon gré, ce soir là, j'étais très reconnaissante... J'avais été bien inspirée once again...
Et oui, à force de naviguer, je finis systématiquement par "décoller" un peu
Le point météo du soir était assorti aux drapeaux qui flottaient en haut des mats : vent à l'horizon, il ne fallait pas rêver d'un long trajet pour le lendemain. J'étais prête à cette idée : les dernières étapes risquaient de se faire petit bout par petit bout... J'avais le temps, la fin du mois était plus loin que Rome
A suivre...
PS: pas demain matin la suite, mais dès mon retour de la Presqu'ile Paddle Race
L'humidité m'avait gardée à l'abris de la tente jusqu'à ce que le soleil sorte pour de vrai. A la pointe, le chateau avait pris ses couleurs du jour
J'avais l'intention de faire des courses à Castiglione et il était inutile d'arriver avant l'ouverture des magasins, je me préparai donc en prenant largement mon temps. Sur la plage, les traces des oiseaux faisaient écho aux miennes, nous étions les maîtres des lieux avant que les touristes ne débarquent... En navigant "au long cours" sur mon trajet méditerranéen, j'avais souvent comparé cette expérience marine à l'expérience du désert (non sans penser à Théodore Monod, et au préambule de son livre "Méharées") et devant ces empreintes sur le sable, mon esprit se remettait à disserter... Quel bavard!
Le village le plus proche était à peine réveillé, j'ai fait le plein de nourriture et je n'ai même pas pris le temps de m'offrir un capuccino, j'avais envie de retourner sur l'eau au plus vite
Je fus plutôt bien inspirée de n'avoir point trop traîné en ville. Assez tôt le vent revint à la charge, d'abord acceptable (environ 3bft) mais je sentais bien qu'il n'avait pas l'intention d'en rester là. Il était bien évidemment en plein de travers. Quand je me suis arrêtée, les p'tits moutons faisaient leur apparition, il était plus que temps...
Je pensais qu'il s'agissait d'une brise thermique et j'avais bien l'intention d'aller plus loin dans la soirée car une petite pointe au bout de la plage me faisait des clins d'oeil...
J'ai tranquillement déjeuné, puis j'ai construit un paravent grâce à la planche et aux sacs et je me suis payé une bonne sieste. En revenant à la réalité, il fallait bien constater que ce n'était pas vraiment une brise thermique mais un bon vent établi. Les windsurfeurs consultés me le confirmèrent... Je n'avais donc pas d'autre solution que de camper là en attendant la suite...
En lisant attentivement les feuillets du guide, je m'apercevais alors que derrière "la pointe" il y avait toute une zone où accoster était impossible... Alors même que je n'étais pas contrariée (comme je l'aurais été quelques jours auparavant) à l'idée d'être scotchée contre mon gré, ce soir là, j'étais très reconnaissante... J'avais été bien inspirée once again...
Et oui, à force de naviguer, je finis systématiquement par "décoller" un peu
Le point météo du soir était assorti aux drapeaux qui flottaient en haut des mats : vent à l'horizon, il ne fallait pas rêver d'un long trajet pour le lendemain. J'étais prête à cette idée : les dernières étapes risquaient de se faire petit bout par petit bout... J'avais le temps, la fin du mois était plus loin que Rome
A suivre...
PS: pas demain matin la suite, mais dès mon retour de la Presqu'ile Paddle Race
joelle- Modératrice
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Date d'inscription : 07/07/2010
Localisation : Nantes
Re: Tous les chemins mènent à Rome
Dimanche 22 septembre 2013 : Principina a mare – Ansedonia
Une peu avant l'aube, j'ai été réveillée par le silence.
Ce n'était pas du tout ce qui était prévu par la météo, en deux secondes, j'ai saisi la chance qui s'offrait, hop, hop, hop, il fallait plier très vite et prendre la mer pour passer la zone sans abris avant que le vent ne se lève à nouveau.
Je me suis pressée comme jamais et 45 mn après, je partais avec un seul objectif : faire 10km puis faire le point et envisager la suite.
La suite ? c'était au loin la presqu'ile de Monte Argentario avec quelques questions suspendues : Contourner? Passer par la lagune? Envisager un long portage? Je n'avais aucun plan précis en vue.
En longeant la longue zone marécageuse du delta de l'Ombrone puis les plages du parc naturel d'Uccellina, j'étais vraiment heureuse d'avoir été stoppée à temps par le vent de la veille. J'avais ainsi évité le risque de me trouver coincée dans ce coin très beau, mais infréquentable et probablement envahi par les moustiques.
Un frémissement de brise se fit sentir en arrivant au pied des falaises, mais je me retrouvais presque instantanément à l'abri du relief.
Le paysage était magnifique.
Le calme était idyllique.
Arrivée à Talamone, j'ai trouvé une crique idéale pour une pause casse-croute. J'avais parcouru la distance espérée et j'avais plusieurs choix à envisager.
Le vent s'établissait peu à peu et je pouvais tourner la carte dans tous les sens, j'en était certaine, il m'offrait un idéal downwind en direction de Monte Argentario.
Donc... Quelque soit ma décision de contourner ou non, les conditions étaient idéales pour y aller!
Hop, hop, hop, let's go. Quelques instants plus tard, les moutons se multipliaient à la surface de l'eau
Ceux et celles qui lisent et qui étaient ce samedi dans la rade de Brest pour la Presqu'ile paddle race pourront imaginer mon plaisir puisque de Talamone à l'entrée du canal, j'ai bénéficié de conditions analogues ET SANS TOURBILLONS Du bonheur au long cours...
Evidemment, ces conditions étant bien installées, elles excluaient, de fait l'idée de contourner la presqu'ile. J'avais vraiment la flemme de me payer le ressac le long des falaises sur tout le pourtour, d'autant plus que j'imaginais bien quelle pouvait être sa puissance sur la côte au vent...
J'entrai donc dans le canal.
D'après les papiers, le canal allait me permettre de rejoindre Orbetello. Je le suivais donc au delà des parkings à bateaux et le plus loin possible, c'est à dire ici:
Ici, c'est à dire "réserve de pêche, navigation interdite" ET barrage clôt (du côté du cul de la planche sur l'image puisque je suis garée du côté "interdit" des bouées)... A joelle rien d'impossible. J'ai commencé par me restaurer et j'ai franchi le barrage à pieds et je me suis retrouvée dans la lagune, direction Orbetello!
Je ne sais pas quelle espèce de poissons était "réservée", mais c'étaient de belles bêtes plutôt énormes qui semblaient se réveiller sur mon passage, me saluant à coup de simple ou double salto fort bruyants avec moultes éclaboussures.
Je visais la "route digue" mais aucun pont, aucun passage par l'eau ne se dessinait à l'horizon. Je commençais à imaginer un nouveau portage. Mais plus j'avançais et plus la possibilité d'un passage "à plat ventre" sous la digue se précisait.
Ni une ni deux, arrivée au ras de la ville, sous l'oeil surpris des passants, je me dirigeais vers la digue, je m'allongeais sur la planche, la tête bien à l'abri de mon sac (je me disais que si le sac touchait, il me protègerait et j'avais tout le temps de faire un demi-tour, certes peu glorieux, mais tout à fait safe) Et banco, ça passait LARGEMENT!
J'étais dans la deuxième lagune. Il restait à en sortir.
Il y avait un club nautique et une "petite foule" en train de suivre une régate d'optimist. J'ai accosté.
A nouveau, je dois noter l'accueil chaleureux. En découvrant la raison de ma présence dans le coin, les gens étaient enthousiasmés. C'est ainsi qu'une dame me signala l'existence d'un canal de sortie là-bas.
Je remarquais illico l'orientation idéale, pile poil "downwind". Je ne comprenais rien à la logique du vent, mais le fait était là
Au pire, si le canal était "bouché", il y avait 300m de terre plein à franchir à pieds. A joelle rien d'impossible, le jeu était trop tentant... Hop, hop, hop, je repartais sans aucune idée précise de ce que j'allais faire une fois "au bout".
Inutile de dire que la traversée fut rapide.
Il restait à trouver le canal.
Premier essai : raté. J'ai simplement réussi à faire décoller une nuée de flamants roses et il a bien fallu constater que j'étais dans une impasse.
Après un demi-tour, face au vent, j'ai entrepris de lorgner du côté de la zone de pisciculture que j'avais dédaigné du fait de la présence de bâtiments, de filets et autres bassins à remous.
Un filet masquait l'entrée d'un canal.
Hop, j'y filais, me glissant entre les mailles des larges trous.
Au bout un barrage, du même type que celui que j'avais déjà franchi.
Bis repetita.
Une fois à pied d'oeuvre, c'est à dire planche amarrée et prête au débarquement des bagages, j'ai entendu un bruit de moteur En levant les yeux, j'ai vu un gros 4x4 sur le barrage. Au point où j'en étais, à l'heure où nous en étions, mon élan fut à peine stoppé, je grimpais sur le terre-plein et je demandais à l'homme qui était descendu de voiture quel était le chemin pour rejoindre la mer.
Comme il m'expliquait qu'il fallait retourner d'où je venais, je tentais de lui expliquer d'où je venais... Justement Et hop, je sortais de mon sac, la carte où se pointaient mes étapes et je lui mettais sous le nez l'attestation très officielle de la FFS! Tatatadammmmmm, ce fut un laisser-passer magique! L'homme me montra le bon canal à prendre (il y avait un croisement de canaux de l'autre côté du barrage).
Il y avait un lourd portail électrique à franchir, qu'il ouvrit. Et comme s'il fallait à tout prix passer très vite, il m'aida au transbordement de tout le bazar. Puis il monta dans son 4x4 et s'en fut à ses affaires.
Je prenai le large, souriant à l'idée de la scène qui venait de se dérouler
Comme prévu, après environ 1 km, je sentais la mer s'approcher. Un virage, et je m'attendais de la découvrir
Un mur barrait le chemin, de part en part... Un mur? Pas tout à fait... un mur barrage... et j'en étais certaine, ça passait "à plat ventre", une fois de plus.
J'ai quand même attendu d'être passée pour prendre la photo
Quelle immense sentiment de bonheur que celui qui m'envahissait : j'avais l'impression d'avoir atteint la libération!
Le fin de la journée ne pouvait qu'être émerveillement et c'est ce qu'il advint.
J'étais remplie de gratitude après l'incroyable journée que je venais de passer. En m'endormant, j'en étais encore étonnée. J'étais partie, le matin, pour une dizaine de kilomètres et le soir après bien plus, j'avais réussi à franchir sans effort le dernier "obstacle" du trajet vers Rome. C'était juste délicieux.
A suivre...
Une peu avant l'aube, j'ai été réveillée par le silence.
Ce n'était pas du tout ce qui était prévu par la météo, en deux secondes, j'ai saisi la chance qui s'offrait, hop, hop, hop, il fallait plier très vite et prendre la mer pour passer la zone sans abris avant que le vent ne se lève à nouveau.
Je me suis pressée comme jamais et 45 mn après, je partais avec un seul objectif : faire 10km puis faire le point et envisager la suite.
La suite ? c'était au loin la presqu'ile de Monte Argentario avec quelques questions suspendues : Contourner? Passer par la lagune? Envisager un long portage? Je n'avais aucun plan précis en vue.
En longeant la longue zone marécageuse du delta de l'Ombrone puis les plages du parc naturel d'Uccellina, j'étais vraiment heureuse d'avoir été stoppée à temps par le vent de la veille. J'avais ainsi évité le risque de me trouver coincée dans ce coin très beau, mais infréquentable et probablement envahi par les moustiques.
Un frémissement de brise se fit sentir en arrivant au pied des falaises, mais je me retrouvais presque instantanément à l'abri du relief.
Le paysage était magnifique.
Le calme était idyllique.
Arrivée à Talamone, j'ai trouvé une crique idéale pour une pause casse-croute. J'avais parcouru la distance espérée et j'avais plusieurs choix à envisager.
Le vent s'établissait peu à peu et je pouvais tourner la carte dans tous les sens, j'en était certaine, il m'offrait un idéal downwind en direction de Monte Argentario.
Donc... Quelque soit ma décision de contourner ou non, les conditions étaient idéales pour y aller!
Hop, hop, hop, let's go. Quelques instants plus tard, les moutons se multipliaient à la surface de l'eau
Ceux et celles qui lisent et qui étaient ce samedi dans la rade de Brest pour la Presqu'ile paddle race pourront imaginer mon plaisir puisque de Talamone à l'entrée du canal, j'ai bénéficié de conditions analogues ET SANS TOURBILLONS Du bonheur au long cours...
Evidemment, ces conditions étant bien installées, elles excluaient, de fait l'idée de contourner la presqu'ile. J'avais vraiment la flemme de me payer le ressac le long des falaises sur tout le pourtour, d'autant plus que j'imaginais bien quelle pouvait être sa puissance sur la côte au vent...
J'entrai donc dans le canal.
D'après les papiers, le canal allait me permettre de rejoindre Orbetello. Je le suivais donc au delà des parkings à bateaux et le plus loin possible, c'est à dire ici:
Ici, c'est à dire "réserve de pêche, navigation interdite" ET barrage clôt (du côté du cul de la planche sur l'image puisque je suis garée du côté "interdit" des bouées)... A joelle rien d'impossible. J'ai commencé par me restaurer et j'ai franchi le barrage à pieds et je me suis retrouvée dans la lagune, direction Orbetello!
Je ne sais pas quelle espèce de poissons était "réservée", mais c'étaient de belles bêtes plutôt énormes qui semblaient se réveiller sur mon passage, me saluant à coup de simple ou double salto fort bruyants avec moultes éclaboussures.
Je visais la "route digue" mais aucun pont, aucun passage par l'eau ne se dessinait à l'horizon. Je commençais à imaginer un nouveau portage. Mais plus j'avançais et plus la possibilité d'un passage "à plat ventre" sous la digue se précisait.
Ni une ni deux, arrivée au ras de la ville, sous l'oeil surpris des passants, je me dirigeais vers la digue, je m'allongeais sur la planche, la tête bien à l'abri de mon sac (je me disais que si le sac touchait, il me protègerait et j'avais tout le temps de faire un demi-tour, certes peu glorieux, mais tout à fait safe) Et banco, ça passait LARGEMENT!
J'étais dans la deuxième lagune. Il restait à en sortir.
Il y avait un club nautique et une "petite foule" en train de suivre une régate d'optimist. J'ai accosté.
A nouveau, je dois noter l'accueil chaleureux. En découvrant la raison de ma présence dans le coin, les gens étaient enthousiasmés. C'est ainsi qu'une dame me signala l'existence d'un canal de sortie là-bas.
Je remarquais illico l'orientation idéale, pile poil "downwind". Je ne comprenais rien à la logique du vent, mais le fait était là
Au pire, si le canal était "bouché", il y avait 300m de terre plein à franchir à pieds. A joelle rien d'impossible, le jeu était trop tentant... Hop, hop, hop, je repartais sans aucune idée précise de ce que j'allais faire une fois "au bout".
Inutile de dire que la traversée fut rapide.
Il restait à trouver le canal.
Premier essai : raté. J'ai simplement réussi à faire décoller une nuée de flamants roses et il a bien fallu constater que j'étais dans une impasse.
Après un demi-tour, face au vent, j'ai entrepris de lorgner du côté de la zone de pisciculture que j'avais dédaigné du fait de la présence de bâtiments, de filets et autres bassins à remous.
Un filet masquait l'entrée d'un canal.
Hop, j'y filais, me glissant entre les mailles des larges trous.
Au bout un barrage, du même type que celui que j'avais déjà franchi.
Bis repetita.
Une fois à pied d'oeuvre, c'est à dire planche amarrée et prête au débarquement des bagages, j'ai entendu un bruit de moteur En levant les yeux, j'ai vu un gros 4x4 sur le barrage. Au point où j'en étais, à l'heure où nous en étions, mon élan fut à peine stoppé, je grimpais sur le terre-plein et je demandais à l'homme qui était descendu de voiture quel était le chemin pour rejoindre la mer.
Comme il m'expliquait qu'il fallait retourner d'où je venais, je tentais de lui expliquer d'où je venais... Justement Et hop, je sortais de mon sac, la carte où se pointaient mes étapes et je lui mettais sous le nez l'attestation très officielle de la FFS! Tatatadammmmmm, ce fut un laisser-passer magique! L'homme me montra le bon canal à prendre (il y avait un croisement de canaux de l'autre côté du barrage).
Il y avait un lourd portail électrique à franchir, qu'il ouvrit. Et comme s'il fallait à tout prix passer très vite, il m'aida au transbordement de tout le bazar. Puis il monta dans son 4x4 et s'en fut à ses affaires.
Je prenai le large, souriant à l'idée de la scène qui venait de se dérouler
Comme prévu, après environ 1 km, je sentais la mer s'approcher. Un virage, et je m'attendais de la découvrir
Un mur barrait le chemin, de part en part... Un mur? Pas tout à fait... un mur barrage... et j'en étais certaine, ça passait "à plat ventre", une fois de plus.
J'ai quand même attendu d'être passée pour prendre la photo
Quelle immense sentiment de bonheur que celui qui m'envahissait : j'avais l'impression d'avoir atteint la libération!
Le fin de la journée ne pouvait qu'être émerveillement et c'est ce qu'il advint.
J'étais remplie de gratitude après l'incroyable journée que je venais de passer. En m'endormant, j'en étais encore étonnée. J'étais partie, le matin, pour une dizaine de kilomètres et le soir après bien plus, j'avais réussi à franchir sans effort le dernier "obstacle" du trajet vers Rome. C'était juste délicieux.
A suivre...
joelle- Modératrice
- Messages : 870
Date d'inscription : 07/07/2010
Localisation : Nantes
Re: Tous les chemins mènent à Rome
Lundi 23 septembre 2013 : Ansedonia – Tarquinia Lido
C'est dans cette direction que j'ai regardé en ouvrant mes volets
Là-bas, au sud, mon arrivée se précisait.
Tous les obstacles semblaient passés. Je ne doutais quasiment plus de pouvoir y arriver. Dans certains scenarii pessimistes, je m'étais même convaincue qu'arriver à Civitavecchia (le port des paquebots à destination de Rome) serait satisfaisant ... et Civitavecchia était à portée de pagaie, donc Fregene était un objectif raisonnable pour la semaine qui s'ouvrait.
Mieux et cerise sur le gâteau, j'avais désormais toutes les chances en main, je pouvais arriver à temps pour vivre la BOP en direct devant mon ordinateur.
Evidemment, je nageais en plein paradoxe, car si je me voyais déjà devant l'ordinateur, je n'avais pas du tout envie d'en finir avec ce trip, j'avais envie de ne pas en perdre une miette, envie de prolonger un maximum.
J'ai donc instantanément débranché mon disque dur de cerveau têtu tourbillonnant bouillonnant.
Pour commencer, il fallait viser la cheminée rouge et blanche d'une centrale électrique. Peu ou prou, je m'avançais inexorablement vers un retour à la civilisation
Une plage était située au pied de la centrale dans une dernière crique juste avant une mini pointe, puis des barbelés signalaient la zone industrielle. Au pied de l'immense cheminée, les bâtiments clignotaient, sifflaient, ronchonnaient... Enfin, s'ouvrait une plage de sable noire, couverte de cadavres aux troncs blanchis. En ne regardant que le côté plage, en coupant bâtiments, cheminée et barbelés, la vue avait un certain charme
Il faisait une chaleur torride sur ce sable noir, je n'ai pas traîné.
S'ensuivit "Un long cheminement le long d'une interminable plage quasi déserte" comme je l'ai écrit dans le SMS du soir
La brise thermique ne tarda pas à se lever. Afin de l'éviter, autant que pour allonger le temps, autant que pour couper la monotonie de la progression, je m'arrêtai sur une des plages de Montalto Marina.
L'accueil sur "Antonio Spiaggia" fut des plus chaleureux. J'ai bien senti que le propriétaire (un surfeur romain) aurait vraiment aimé que je reste pour la nuit sur "sa" plage, il m'offrait un bel espace, une douche et un énorme paquet de sandwiches avec tout ce dont je pouvais rêver comme soda à boire...
J'ai commencé par faire une balade, dans une marina vidée de ses touristes, il n'y avait RIEN à voir!
Il n'y avait pas grand chose à faire non plus J'ai longé le front de mer, et pour exciter ma gourmandise, j'ai regardé du côté des quelques glaciers qui restaient ouverts. Pour passer le temps, j'ai finalement choisi l'association citron/framboise
Après une sieste à l'ombre, la brise commençait à faiblir, j'ai repris la mer.
La journée s'achevait.
J'envoyai les news à Michel : http://www.forumdesup.com/t8042p45-tous-les-chemins-menent-a-rome#87469 en précisant : "Si les pressions restent hautes, il me reste deux étapes; ça sent la grande ville, on entend les avions aller et venir."
Et je regardais une fois de plus vers l'arrière, comme pour mesurer le chemin parcouru. Au loin Monte Argentario et Isola del Giglio (là où gît encore le Costa Concordia http://fr.wikipedia.org/wiki/Naufrage_du_Costa_Concordia)
A suivre...
C'est dans cette direction que j'ai regardé en ouvrant mes volets
Là-bas, au sud, mon arrivée se précisait.
Tous les obstacles semblaient passés. Je ne doutais quasiment plus de pouvoir y arriver. Dans certains scenarii pessimistes, je m'étais même convaincue qu'arriver à Civitavecchia (le port des paquebots à destination de Rome) serait satisfaisant ... et Civitavecchia était à portée de pagaie, donc Fregene était un objectif raisonnable pour la semaine qui s'ouvrait.
Mieux et cerise sur le gâteau, j'avais désormais toutes les chances en main, je pouvais arriver à temps pour vivre la BOP en direct devant mon ordinateur.
Evidemment, je nageais en plein paradoxe, car si je me voyais déjà devant l'ordinateur, je n'avais pas du tout envie d'en finir avec ce trip, j'avais envie de ne pas en perdre une miette, envie de prolonger un maximum.
J'ai donc instantanément débranché mon disque dur de cerveau têtu tourbillonnant bouillonnant.
Pour commencer, il fallait viser la cheminée rouge et blanche d'une centrale électrique. Peu ou prou, je m'avançais inexorablement vers un retour à la civilisation
Une plage était située au pied de la centrale dans une dernière crique juste avant une mini pointe, puis des barbelés signalaient la zone industrielle. Au pied de l'immense cheminée, les bâtiments clignotaient, sifflaient, ronchonnaient... Enfin, s'ouvrait une plage de sable noire, couverte de cadavres aux troncs blanchis. En ne regardant que le côté plage, en coupant bâtiments, cheminée et barbelés, la vue avait un certain charme
Il faisait une chaleur torride sur ce sable noir, je n'ai pas traîné.
S'ensuivit "Un long cheminement le long d'une interminable plage quasi déserte" comme je l'ai écrit dans le SMS du soir
La brise thermique ne tarda pas à se lever. Afin de l'éviter, autant que pour allonger le temps, autant que pour couper la monotonie de la progression, je m'arrêtai sur une des plages de Montalto Marina.
L'accueil sur "Antonio Spiaggia" fut des plus chaleureux. J'ai bien senti que le propriétaire (un surfeur romain) aurait vraiment aimé que je reste pour la nuit sur "sa" plage, il m'offrait un bel espace, une douche et un énorme paquet de sandwiches avec tout ce dont je pouvais rêver comme soda à boire...
J'ai commencé par faire une balade, dans une marina vidée de ses touristes, il n'y avait RIEN à voir!
Il n'y avait pas grand chose à faire non plus J'ai longé le front de mer, et pour exciter ma gourmandise, j'ai regardé du côté des quelques glaciers qui restaient ouverts. Pour passer le temps, j'ai finalement choisi l'association citron/framboise
Après une sieste à l'ombre, la brise commençait à faiblir, j'ai repris la mer.
La journée s'achevait.
J'envoyai les news à Michel : http://www.forumdesup.com/t8042p45-tous-les-chemins-menent-a-rome#87469 en précisant : "Si les pressions restent hautes, il me reste deux étapes; ça sent la grande ville, on entend les avions aller et venir."
Et je regardais une fois de plus vers l'arrière, comme pour mesurer le chemin parcouru. Au loin Monte Argentario et Isola del Giglio (là où gît encore le Costa Concordia http://fr.wikipedia.org/wiki/Naufrage_du_Costa_Concordia)
A suivre...
joelle- Modératrice
- Messages : 870
Date d'inscription : 07/07/2010
Localisation : Nantes
Re: Tous les chemins mènent à Rome
Vous avez surmonter de nombreux obstacles ; votre courage et votre persévérance nous permet de vivre les événements personnels de manière positive ; ne jamais lâcher prise.
Merci Joëlle.
Merci Joëlle.
evasion- Messages : 381
Date d'inscription : 23/07/2013
Re: Tous les chemins mènent à Rome
Mardi 24 septembre 2013 : Tarquinia Lido - Marina di San Nicola
5h15 : L'air est immobile, il fait nuit. Je n'arrive plus du tout à dormir et je suis tout à fait reposée. L'idée de partir avant l'aube pour traverser le port de Civitavecchia avant que la brise ne se lève se fait de plus en plus forte. Je valide et je plie
J'ai adoré ce départ dans la pénombre, puis le lever du soleil pas à pas, coup de pagaie après coup de pagaie!
Je visais la grande cheminée de la centrale électrique (once more), le port est juste à côté.
Passer "à travers" ces grands ports aura toujours été à la fois stressant et réjouissant. La mer était d'huile à cette heure et je n'avais donc aucun soucis de "manoeuvre", je pouvais tranquillement guetter les mouvements des bateaux et adapter ma trajectoire. A l'instant où j'arrivais le long de la digue, donc à l'instant où j'étais sortie de la zone de passage, j'ai senti un "truc" dans mon dos
C'était drôle de voir tous ces gens sur le pont, ils arrivaient "à Rome", dans quelques instants ils allaient débarquer, monter dans des bus et déambuler dans les rues... J'allais à Rome, moi aussi
En longeant la digue, je ne perdais pas des yeux l'exposition de résidences flottantes et ce toboggan suspendu entre mer et ciel m'amusa.
Et voilà, une chose de faite, j'avais passé le port.
Peu après, je découvrais une zone de riches villas, des résidences secondaires visiblement... Décidemment "ça" sentait la ville
A mes pieds, l'eau était absolument limpide, contrastant avec l'eau sale de la traversée du port et j'ai pris le temps de profiter de ce passage
D'étranges alignements mettaient de la couleur paisible le long de la route grise d'où s'envolait une impression de forte circulation...
En fin de matinée, j'avais besoin de me restaurer et je me suis arrêtée sur une plage au hasard. Je n'ai pas trouvé de boulangerie, les passants ne pouvaient rien m'indiquer d'autre que la grande surface la plus proche, à 5mn en voiture! Je me suis contenté du café de la plage et des pains pré-emballés que la gentille dame m'a soldé à deux pour le prix d'un : "c'est parce que la saison est fini, on ferme demain" Ouf... Il était temps!
La direction de la brise, puis du vent était parfaite 3/4 arrière et j'attendais que le 3 bft passe au 4 annoncé, c'était juste délicieux d'avancer aussi facilement. Cependant je m'inquiétais de savoir où viser exactement, c'était tellement agréable que je n'avais pas envie d'en finir mais pas envie non plus de me laisser porter vers un cap qui me forcerait à ramer contre le vent. C'est alors que je doublais cette pointe :
C'est alors que j'ai vu un yacht à l'ancre un peu plus au large. Ni une, ni deux, je me dirigeai vers lui bien décidée à vérifier mon chemin. C'était un petit yacht certes, mais déjà un très beau bateau. Deux hommes m'accueillirent et m'indiquèrent approximativement le cap à suivre, dans l'axe du vent. Mais avant que je reparte ... "Vous venez d'où comme ça?" Je leur expliquai en deux mots et alors : "Voulez vous prendre un café?"
Comment refuser?
Quelques secondes plus tard, je tendais mon bout d'amarrage, je montais sur "la terrasse" en teck, puis un peu plus haut j'accédais au salon de plein air aux belles et profondes banquettes blanches... Incroyable! Comment aurais-je pu rêver ou même simplement imaginer qu'il était possible de boire un café dans un yacht au milieu d'un downwind?
C'était juste magique.
Pendant ce temps le vent s'affirmai à 4bft et c'était juste génial . Il était temps de repartir!
Sur la pointe derrière laquelle se dissimulait Ladispoli, j'ai eu envie d'une photo souvenir
C'est à ce moment que j'ai décidé de simplement laisser glisser, prendre encore plus de plaisir. Il était inutile de viser directement Fregene. Arriver le soir et bivouaquer là-bas en attendant le matin n'avait aucun sens. De vent 3/4 arrière, je suis passée à vent arrière!
Et j'ai atterri sur une plage de la Marina San Nicola! Il était encore tôt.
Comme d'habitude, dès ma "descente de planche", j'ai cherché à qui demander l'autorisation de "rester pour la nuit", sans imaginer un seul instant l'accueil qui allait m'être réservé.
Les gars étaient tout simplement extraordinaires, hyper chaleureux et aux petits soins. Après le pot d'accueil, j'ai vu arriver une assiette de fruits (juste le truc dont je rêvais) avec ces mots d'excuse "C'est tout ce qui nous reste, nous sommes en train de fermer le club"... Mais c'était ce dont j'avais besoin, rien de plus... Nous avons parlé, refait le monde, pris des photos :-)
La nuit tombait. Je commençais à préparer mon emplacement de bivouac quand l'un des gars vint me chercher "Vient par là"... Il me fit entrer dans le bar du club, les autres étaient là... Il me tendirent une flûte de boisson gazeuse et nous avons trinqué! Champagne... Ca c'était fait, avec le coeur, chaleureusement, sincèrement, je n'aurais jamais pu rêver plus simple et plus grand à la fois
Je touchais le but.
Le lendemain ne serait que "formalités" et retour aux contraintes et soumission à la "météo des gens", je le savais. Je savourais infiniment cette soirée là.
A suivre...
5h15 : L'air est immobile, il fait nuit. Je n'arrive plus du tout à dormir et je suis tout à fait reposée. L'idée de partir avant l'aube pour traverser le port de Civitavecchia avant que la brise ne se lève se fait de plus en plus forte. Je valide et je plie
J'ai adoré ce départ dans la pénombre, puis le lever du soleil pas à pas, coup de pagaie après coup de pagaie!
Je visais la grande cheminée de la centrale électrique (once more), le port est juste à côté.
Passer "à travers" ces grands ports aura toujours été à la fois stressant et réjouissant. La mer était d'huile à cette heure et je n'avais donc aucun soucis de "manoeuvre", je pouvais tranquillement guetter les mouvements des bateaux et adapter ma trajectoire. A l'instant où j'arrivais le long de la digue, donc à l'instant où j'étais sortie de la zone de passage, j'ai senti un "truc" dans mon dos
C'était drôle de voir tous ces gens sur le pont, ils arrivaient "à Rome", dans quelques instants ils allaient débarquer, monter dans des bus et déambuler dans les rues... J'allais à Rome, moi aussi
En longeant la digue, je ne perdais pas des yeux l'exposition de résidences flottantes et ce toboggan suspendu entre mer et ciel m'amusa.
Et voilà, une chose de faite, j'avais passé le port.
Peu après, je découvrais une zone de riches villas, des résidences secondaires visiblement... Décidemment "ça" sentait la ville
A mes pieds, l'eau était absolument limpide, contrastant avec l'eau sale de la traversée du port et j'ai pris le temps de profiter de ce passage
D'étranges alignements mettaient de la couleur paisible le long de la route grise d'où s'envolait une impression de forte circulation...
En fin de matinée, j'avais besoin de me restaurer et je me suis arrêtée sur une plage au hasard. Je n'ai pas trouvé de boulangerie, les passants ne pouvaient rien m'indiquer d'autre que la grande surface la plus proche, à 5mn en voiture! Je me suis contenté du café de la plage et des pains pré-emballés que la gentille dame m'a soldé à deux pour le prix d'un : "c'est parce que la saison est fini, on ferme demain" Ouf... Il était temps!
La direction de la brise, puis du vent était parfaite 3/4 arrière et j'attendais que le 3 bft passe au 4 annoncé, c'était juste délicieux d'avancer aussi facilement. Cependant je m'inquiétais de savoir où viser exactement, c'était tellement agréable que je n'avais pas envie d'en finir mais pas envie non plus de me laisser porter vers un cap qui me forcerait à ramer contre le vent. C'est alors que je doublais cette pointe :
C'est alors que j'ai vu un yacht à l'ancre un peu plus au large. Ni une, ni deux, je me dirigeai vers lui bien décidée à vérifier mon chemin. C'était un petit yacht certes, mais déjà un très beau bateau. Deux hommes m'accueillirent et m'indiquèrent approximativement le cap à suivre, dans l'axe du vent. Mais avant que je reparte ... "Vous venez d'où comme ça?" Je leur expliquai en deux mots et alors : "Voulez vous prendre un café?"
Comment refuser?
Quelques secondes plus tard, je tendais mon bout d'amarrage, je montais sur "la terrasse" en teck, puis un peu plus haut j'accédais au salon de plein air aux belles et profondes banquettes blanches... Incroyable! Comment aurais-je pu rêver ou même simplement imaginer qu'il était possible de boire un café dans un yacht au milieu d'un downwind?
C'était juste magique.
Pendant ce temps le vent s'affirmai à 4bft et c'était juste génial . Il était temps de repartir!
Sur la pointe derrière laquelle se dissimulait Ladispoli, j'ai eu envie d'une photo souvenir
C'est à ce moment que j'ai décidé de simplement laisser glisser, prendre encore plus de plaisir. Il était inutile de viser directement Fregene. Arriver le soir et bivouaquer là-bas en attendant le matin n'avait aucun sens. De vent 3/4 arrière, je suis passée à vent arrière!
Et j'ai atterri sur une plage de la Marina San Nicola! Il était encore tôt.
Comme d'habitude, dès ma "descente de planche", j'ai cherché à qui demander l'autorisation de "rester pour la nuit", sans imaginer un seul instant l'accueil qui allait m'être réservé.
Les gars étaient tout simplement extraordinaires, hyper chaleureux et aux petits soins. Après le pot d'accueil, j'ai vu arriver une assiette de fruits (juste le truc dont je rêvais) avec ces mots d'excuse "C'est tout ce qui nous reste, nous sommes en train de fermer le club"... Mais c'était ce dont j'avais besoin, rien de plus... Nous avons parlé, refait le monde, pris des photos :-)
La nuit tombait. Je commençais à préparer mon emplacement de bivouac quand l'un des gars vint me chercher "Vient par là"... Il me fit entrer dans le bar du club, les autres étaient là... Il me tendirent une flûte de boisson gazeuse et nous avons trinqué! Champagne... Ca c'était fait, avec le coeur, chaleureusement, sincèrement, je n'aurais jamais pu rêver plus simple et plus grand à la fois
Je touchais le but.
Le lendemain ne serait que "formalités" et retour aux contraintes et soumission à la "météo des gens", je le savais. Je savourais infiniment cette soirée là.
A suivre...
joelle- Modératrice
- Messages : 870
Date d'inscription : 07/07/2010
Localisation : Nantes
Re: Tous les chemins mènent à Rome
genial, j'adore le recit et l'esprit du trip, on a l'impression d'y etre, un tres gd bravo et merci à toi pour ce partage !
LOLO56- Messages : 64
Date d'inscription : 19/04/2011
Re: Tous les chemins mènent à Rome
Mercredi 25 septembre 2013 : Marina di San Nicola – Fregene – Rome
Dernier bivouac
Un regard vers l'horizon, en direction du but, désormais bien visible
Dernière mise à l'eau avec tout ce "bazar", le minimum à la fois indispensable et largement suffisant pour affronter toutes les situations qui s'offraient. A chaque départ je regardais derrière "de peur" d'oublier quelque chose, à chaque départ, juste après ce coup d'oeil en arrière, j'étais heureuse en me disant que TOUT tenait à si peu de chose, prenant à la fois tant d'importance et si peu de place...
Je longeais la plage et la ville était en filigrane, en fond sonore et visuel. Tout au long du trajet, des hommes s'affairaient à enlever les corps-morts qui maintenaient en place les bouées de l'été. J'avais l'impression "qu'on" pliait derrière moi, j'arrivais vers mon but et le spectacle était terminé
Fregene est une petite ville de banlieue, une petite station balnéaire sans immeubles en front de mer. Il fallait trouver la plage "Miraggio" sur laquelle j'avais prévu d'arriver, j'ai donc longé très lentement la succession de plages privées encore endormies, cependant visiblement plus luxueuses les unes que les autres.
Pourquoi "Miraggio" et pas une autre?
Certainement parce que s'y tient un club de SUP. Quand j'avais croisé celui qui l'anime, lors d'une compétition à la fin juin, je lui avais fait part de mon projet italien/romain. Il l'avait accueilli avec un enthousiasme tout méditerranéen . Au fil des semaines et des messages sans réponse, mon inquiétude était tombée, l'accueil serait tel que je le souhaitais "sans tambour ni trompette".
Cette plage restait cependant "la" plage que je devais viser parce qu'il fallait bien décider d'un point d'atterrissage
Il ne fait aucun doute que j'avais fait le bon choix. Bien qu'arrivant "comme tombée de la lune", j'ai trouvé sur cette plage un "salvataggio" incroyablement cordial et compréhensif, maîtrisant parfaitement la langue de Molière.
Le "hasard" fait décidement parfaitement son boulot!
Les "champions" locaux étant en partance pour la BOP c'est un associé qui se retrouva, au saut du lit et après un appel téléphonique surprise, avec mon encombrante arrivée à gérer. Il choisit finalement de ne pas déléguer l'affaire... bien qu'il eut visiblement bien d'autres chats à fouetter!
J'ai donc eu tout à loisir le temps de ranger mon matos, de prendre une douche froide, de m'habiller en citadine et de manger le pain qui me restait avant d'aller remercier celui qui m'avait vu débarquer et m'avait bien aidée à expliquer ce dont j'avais besoin : trouver une solution pour rentrer à la maison
Peu après, l'associé me posait en haut d'un passage souterrain qu'il fallait franchir pour atteindre la billetterie de la gare de banlieue et retournait à ses affaires. La planche était restée au club. Je n'avais plus que mes deux sacs et mes deux pagaies pour terminer le voyage, j'étais à nouveau en autonomie et sans assistance
Il me restait une pomme, des amandes, une canette et tout le temps qu'il fallait : à la mi-journée, les trains ne passaient que chaque 45 mn et j'en avais raté un!
A peine 5mn après le départ du train, c'était l'entrée et la traversée de Rome. En passant au dessus du Tibre, j'ai pensé que j'avais été bien inspirée de ne pas tenter d'y naviguer, la couleur de l'eau n'était pas vraiment attirante
La gare centrale Roma Termini est gigantesque. Dans la rue, j'ai posé une photo souvenir.
Puis, j'ai traîné mes sacs bien lourds vers le guichet où l'employé tenait absolument à me vendre le billet le moins cher, j'ai déposé les bagages à la consigne et j'ai traîné mes guêtres (enfin mes tongs) en ville
Guère motivée par le tourisme monumental, j'ai cédé à la gourmandise avec délice
La journée s'achevait. Après un passage sur internet, je suis retournée à la gare. Il n'était plus question d'attendre que le vent se calme, il fallait attendre l'arrivée du train de nuit... C'était déjà presque une autre histoire
A suivre demain, un dernier épisode... et puis la boucle sera bouclée
Dernier bivouac
Un regard vers l'horizon, en direction du but, désormais bien visible
Dernière mise à l'eau avec tout ce "bazar", le minimum à la fois indispensable et largement suffisant pour affronter toutes les situations qui s'offraient. A chaque départ je regardais derrière "de peur" d'oublier quelque chose, à chaque départ, juste après ce coup d'oeil en arrière, j'étais heureuse en me disant que TOUT tenait à si peu de chose, prenant à la fois tant d'importance et si peu de place...
Je longeais la plage et la ville était en filigrane, en fond sonore et visuel. Tout au long du trajet, des hommes s'affairaient à enlever les corps-morts qui maintenaient en place les bouées de l'été. J'avais l'impression "qu'on" pliait derrière moi, j'arrivais vers mon but et le spectacle était terminé
Fregene est une petite ville de banlieue, une petite station balnéaire sans immeubles en front de mer. Il fallait trouver la plage "Miraggio" sur laquelle j'avais prévu d'arriver, j'ai donc longé très lentement la succession de plages privées encore endormies, cependant visiblement plus luxueuses les unes que les autres.
Pourquoi "Miraggio" et pas une autre?
Certainement parce que s'y tient un club de SUP. Quand j'avais croisé celui qui l'anime, lors d'une compétition à la fin juin, je lui avais fait part de mon projet italien/romain. Il l'avait accueilli avec un enthousiasme tout méditerranéen . Au fil des semaines et des messages sans réponse, mon inquiétude était tombée, l'accueil serait tel que je le souhaitais "sans tambour ni trompette".
Cette plage restait cependant "la" plage que je devais viser parce qu'il fallait bien décider d'un point d'atterrissage
Il ne fait aucun doute que j'avais fait le bon choix. Bien qu'arrivant "comme tombée de la lune", j'ai trouvé sur cette plage un "salvataggio" incroyablement cordial et compréhensif, maîtrisant parfaitement la langue de Molière.
Le "hasard" fait décidement parfaitement son boulot!
Les "champions" locaux étant en partance pour la BOP c'est un associé qui se retrouva, au saut du lit et après un appel téléphonique surprise, avec mon encombrante arrivée à gérer. Il choisit finalement de ne pas déléguer l'affaire... bien qu'il eut visiblement bien d'autres chats à fouetter!
J'ai donc eu tout à loisir le temps de ranger mon matos, de prendre une douche froide, de m'habiller en citadine et de manger le pain qui me restait avant d'aller remercier celui qui m'avait vu débarquer et m'avait bien aidée à expliquer ce dont j'avais besoin : trouver une solution pour rentrer à la maison
Peu après, l'associé me posait en haut d'un passage souterrain qu'il fallait franchir pour atteindre la billetterie de la gare de banlieue et retournait à ses affaires. La planche était restée au club. Je n'avais plus que mes deux sacs et mes deux pagaies pour terminer le voyage, j'étais à nouveau en autonomie et sans assistance
Il me restait une pomme, des amandes, une canette et tout le temps qu'il fallait : à la mi-journée, les trains ne passaient que chaque 45 mn et j'en avais raté un!
A peine 5mn après le départ du train, c'était l'entrée et la traversée de Rome. En passant au dessus du Tibre, j'ai pensé que j'avais été bien inspirée de ne pas tenter d'y naviguer, la couleur de l'eau n'était pas vraiment attirante
La gare centrale Roma Termini est gigantesque. Dans la rue, j'ai posé une photo souvenir.
Puis, j'ai traîné mes sacs bien lourds vers le guichet où l'employé tenait absolument à me vendre le billet le moins cher, j'ai déposé les bagages à la consigne et j'ai traîné mes guêtres (enfin mes tongs) en ville
Guère motivée par le tourisme monumental, j'ai cédé à la gourmandise avec délice
La journée s'achevait. Après un passage sur internet, je suis retournée à la gare. Il n'était plus question d'attendre que le vent se calme, il fallait attendre l'arrivée du train de nuit... C'était déjà presque une autre histoire
A suivre demain, un dernier épisode... et puis la boucle sera bouclée
joelle- Modératrice
- Messages : 870
Date d'inscription : 07/07/2010
Localisation : Nantes
tous les chemins mènent à Rome
Bonjour Joëlle,
Je ressens un petit pincement au coeur car c'est la fin de l'aventure ; mais heureusement, il reste encore un épisode
Je ressens un petit pincement au coeur car c'est la fin de l'aventure ; mais heureusement, il reste encore un épisode
evasion- Messages : 381
Date d'inscription : 23/07/2013
Re: Tous les chemins mènent à Rome
Jeudi 26 septembre 2013 : Rome – Genova – Vintimille – Nice – Marseille
Quelques lignes au sujet de ce retour. J'ai besoin de boucler la boucle
D'abord, je ne comprends toujours pas ce qui a motivé le guichetier pour me vendre une place assise "pas chère" dans le train de nuit Naples-Rome-Turin Ce qui est certain, c'est qu'il ne voulait pas me faire d'autres propositions et me vantait cette possibilité comme étant la meilleure
Finalement, je n'ai pas regretté.
C'était inconfortable, mais je me suis emballée dans mon duvet et j'ai pu me reposer "chez moi" au milieu du va et vient, entre les hommes du compartiment, entre le passage des policiers en arme, les bavardages incessants, les migrants paumés et les dizaines d'arrêts jamais annoncés
J'ai d'autant moins regretté que le fait de guetter chaque station m'a permis de remonter le temps en remontant mon parcours. Car le train longe très précisément la côte et je voyais de nuit les villes que je n'avais fait qu'effleurer de jour. Dans mon imagination, malgré la fatigue, la magie opérait encore
La veille, vers 23h, après avoir longé le quai déserté par les travailleurs en direction du train de banlieue...
1° Rome-Rome
... l'attente a commencé. Le quai se remplissait d'une foule grise avec quelques touristes allemands, quelques familles et beaucoup d'hommes seuls, sans bagages, pleins d'espoir. Ceux-ci formaient des grappes, parlant un langage exotique s'échangeant cigarettes et boissons étranges.
Le train devait arriver à 0h15, il arriva avec un retard de 30mn... C'était sans problème, sauf que... les gares n'étant pas annoncées, il fallait réussir à descendre dans la bonne sans connaitre l'horaire d'arrivée
Viser Gènes Principal alors qu'il y avait au moins 5 arrêts à Gènes et que l'affichage en gare est minimaliste comportait un certain risque, j'ai ainsi "repêché" les touristes allemands (ils allaient eux aussi à Marseilles) qui descendaient à "la bonne heure" sans regarder le nom de leur station
2° Gènes-Vintimiglia
TER... Changement d'ambiance, c'est l'heure de partir au boulot et c'est l'heure des écoliers. Il faisait assez gris et je mesurais la chance qui m'avait accompagnée avec une météo plutôt clémente sur l'ensemble du parcours
3° Vintimiglia-Nice
TER français... Une population chic et un contrôle de flic ciblé "montrez vos papiers, cartes de séjours, etc..." Visiblement, la correspondance avec le train venant de Naples est attendue!
4° Nice-Marseilles
Collée à la fenêtre, je m'accroche aux derniers kilomètres de côte visible.
C'est fini. Au fond du ventre j'ai une folle envie de chevaucher encore plus loin la grande bleue... Mais c'est fini pour cette fois.
A Marseilles, mon hôte attendait. Tandis qu'il m'accueille, je lui déverse mes premières impressions en vrac.
C'était vraiment magnifique de rencontrer cette personne là et sa famille. Merci à lui.
Alors que je n'avais pas vraiment dormi, une bonne douche chaude au bon savon de Marseille fut suffisante pour me tenir jusqu'au soir.
Après une nuit de princesse dans un immense lit sous une douce couette, j'ai embarqué dans ma voiture et attrapé l'autoroute.
Le vendredi 27 au soir, j'étais de retour à la maison après exactement quatre semaines de partance, une carte bancaire à peine utilisée et des souvenirs plein la tête!
La boucle Nantes-Annecy-Marseille-Rome-Marseille-Nantes était refermée!
Merci de m'avoir suivie, de m'avoir accompagné, d'avoir été là ! A la prochaine
Quelques lignes au sujet de ce retour. J'ai besoin de boucler la boucle
D'abord, je ne comprends toujours pas ce qui a motivé le guichetier pour me vendre une place assise "pas chère" dans le train de nuit Naples-Rome-Turin Ce qui est certain, c'est qu'il ne voulait pas me faire d'autres propositions et me vantait cette possibilité comme étant la meilleure
Finalement, je n'ai pas regretté.
C'était inconfortable, mais je me suis emballée dans mon duvet et j'ai pu me reposer "chez moi" au milieu du va et vient, entre les hommes du compartiment, entre le passage des policiers en arme, les bavardages incessants, les migrants paumés et les dizaines d'arrêts jamais annoncés
J'ai d'autant moins regretté que le fait de guetter chaque station m'a permis de remonter le temps en remontant mon parcours. Car le train longe très précisément la côte et je voyais de nuit les villes que je n'avais fait qu'effleurer de jour. Dans mon imagination, malgré la fatigue, la magie opérait encore
La veille, vers 23h, après avoir longé le quai déserté par les travailleurs en direction du train de banlieue...
1° Rome-Rome
... l'attente a commencé. Le quai se remplissait d'une foule grise avec quelques touristes allemands, quelques familles et beaucoup d'hommes seuls, sans bagages, pleins d'espoir. Ceux-ci formaient des grappes, parlant un langage exotique s'échangeant cigarettes et boissons étranges.
Le train devait arriver à 0h15, il arriva avec un retard de 30mn... C'était sans problème, sauf que... les gares n'étant pas annoncées, il fallait réussir à descendre dans la bonne sans connaitre l'horaire d'arrivée
Viser Gènes Principal alors qu'il y avait au moins 5 arrêts à Gènes et que l'affichage en gare est minimaliste comportait un certain risque, j'ai ainsi "repêché" les touristes allemands (ils allaient eux aussi à Marseilles) qui descendaient à "la bonne heure" sans regarder le nom de leur station
2° Gènes-Vintimiglia
TER... Changement d'ambiance, c'est l'heure de partir au boulot et c'est l'heure des écoliers. Il faisait assez gris et je mesurais la chance qui m'avait accompagnée avec une météo plutôt clémente sur l'ensemble du parcours
3° Vintimiglia-Nice
TER français... Une population chic et un contrôle de flic ciblé "montrez vos papiers, cartes de séjours, etc..." Visiblement, la correspondance avec le train venant de Naples est attendue!
4° Nice-Marseilles
Collée à la fenêtre, je m'accroche aux derniers kilomètres de côte visible.
C'est fini. Au fond du ventre j'ai une folle envie de chevaucher encore plus loin la grande bleue... Mais c'est fini pour cette fois.
A Marseilles, mon hôte attendait. Tandis qu'il m'accueille, je lui déverse mes premières impressions en vrac.
C'était vraiment magnifique de rencontrer cette personne là et sa famille. Merci à lui.
Alors que je n'avais pas vraiment dormi, une bonne douche chaude au bon savon de Marseille fut suffisante pour me tenir jusqu'au soir.
Après une nuit de princesse dans un immense lit sous une douce couette, j'ai embarqué dans ma voiture et attrapé l'autoroute.
Le vendredi 27 au soir, j'étais de retour à la maison après exactement quatre semaines de partance, une carte bancaire à peine utilisée et des souvenirs plein la tête!
La boucle Nantes-Annecy-Marseille-Rome-Marseille-Nantes était refermée!
Merci de m'avoir suivie, de m'avoir accompagné, d'avoir été là ! A la prochaine
joelle- Modératrice
- Messages : 870
Date d'inscription : 07/07/2010
Localisation : Nantes
Re: Tous les chemins mènent à Rome
Joëlle,
Ce fût un régal de te lire chaque jour! Quelle belle aventure!
Des descriptions parfaites et savoureuses....
Vivement ton prochain trip......
Ce fût un régal de te lire chaque jour! Quelle belle aventure!
Des descriptions parfaites et savoureuses....
Vivement ton prochain trip......
Malouin- Messages : 137
Date d'inscription : 17/04/2013
Localisation : Bordeaux, Le Porge, Saint-Malo
Re: Tous les chemins mènent à Rome
Terrible!
C'est un peu comme finir un bon bouquin, l'impression de le trouver trop court.
Expérience incroyable qui impose le respect, loin de toutes conventions actuelles et autres drapeaux de marques de soda!
Beaucoup d'humour et de sensibilité , bref, ce fût un régal que de suivre cette aventure, alors vivement la prochaine, et peut-être à bientôt sur l'eau en loire-atlantique.
Chapeau, et merci.
C'est un peu comme finir un bon bouquin, l'impression de le trouver trop court.
Expérience incroyable qui impose le respect, loin de toutes conventions actuelles et autres drapeaux de marques de soda!
Beaucoup d'humour et de sensibilité , bref, ce fût un régal que de suivre cette aventure, alors vivement la prochaine, et peut-être à bientôt sur l'eau en loire-atlantique.
Chapeau, et merci.
sTEEVE cANON- Messages : 113
Date d'inscription : 19/02/2012
Re: Tous les chemins mènent à Rome
Vivement septembre prochain (?) pour une histoire encore surpenante et délicieuse.
Joëlle, tes aventures et la manière de les partager sont aussi vibrantes que du gros surf, un beau downwind ou une beach race haletante...
Et surtout, quelle leçon de LIBERTE, ce sentiment que nous cherchons tous, au fond, en pratiquant ce sport.
Joëlle, tes aventures et la manière de les partager sont aussi vibrantes que du gros surf, un beau downwind ou une beach race haletante...
Et surtout, quelle leçon de LIBERTE, ce sentiment que nous cherchons tous, au fond, en pratiquant ce sport.
guillaumeXIII- Messages : 198
Date d'inscription : 10/09/2009
Localisation : Saint Briac (35)
Taille, poids : 1m82, 85kg
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